Composés:
Les principaux sels solubles dans l’eau sont:
l‘acétate
le chlorure
l’hydroxyde
l’oxyde
le nitrate
Les principaux sels insolubles sont:
l’arsenate
le carbonate
le chromate
le fluorure
l’oxalate
le sulfate.
Utilisations:
Rodenticide, insecticide, fungicide
Fabrication du verre
Fabrication de la céramique
Vulcanisation du caoutchouc synthétique
Production de pigments
Fabrication de composants électroniques
Fabrication de détergents pour les huiles lubrifiantes
Épuration des eaux industrielles
Industrie de la peinture
Industrie du papier
En poterie
Enrobage d’électrodes de soudage
Traitement de surface dans l’industrie métallurgique
Le sulfure de baryum est utilisé dans la production
de certains types de tubes fluorescents
Le sulfate de baryum est utilisé en radiologie médicale
et dans la fabrication de pigments blancs (litophone)
Etc.
Exposition:
1 Environnementale:
Il y a naturellement du baryum dans l’air ambiant à
basses concentrations, habituellement <0.05 µg/m3.
Dans les sols les concentrations sont beaucoup plus élevées,
près de 500 mg/kg. Dans l’eau de surface fraîche
les concentrations peuvent varier de <5 à 15,000 µg/L.
et ce baryum contribue à la dureté de l’eau.
L’alimentation fournit aussi du baryum et l’apport
quotidien chez l’humain est d’environ 1 mg.
2 En milieu industriel:
La voie pulmonaire est la plus importante (voir limite d’exposition).
Voies de pénétration:
Les sels solubles de baryum sont bien absorbés par voie
pulmonaire et orale.
Les sels insolubles inhalés et déposés
ne sont éliminés que lentement et peuvent s’accumuler
dans les poumons comme résultat de l’exposition
à long terme.
Les composés du baryum ne sont pas réputés
pour pénétrer par la peau à moins que l’intégrité
de la barrière cutanée ne soit altérée
comme dans les brûlures chimiques; un cas a été
décrit qui avait été causé par le
chlorure de baryum en fusion, dans la littérature médicale
pertinente.
Toxicité:
1 Solubilité:
La toxicité des sels de baryum est largement fonction
de leur solubilité, qui conditionne
elle même leur résorption digestive et leur biodisponibilité.
Les sels solubles dans l’eau et les acides sont très
toxiques lorsqu’ils sont ingérés.
Le carbonate BaCO3 est insoluble dans l’eau à pH
neutre, il devient soluble en milieu
acide, ce qui n’est pas sans conséquence in vivo
en raison du pH gastrique. Il y aurait,
sous cette condition, production de chlorure de baryum BaCl2
à partir du carbonate
solubilisé; le chlorure de baryum BaCl2 est un des sels
solubles les plus toxique.
2 Métabolisme:
La demi vie biologique du baryum varie entre 2 et 20 heures.
Le baryum absorbé est en grande partie déposé
dans l’os, ce qui représente 93% de la charge corporelle
chez l’humain.
Il est principalement excrété par voie fécale
et en faible partie (1 à 10%) par voie urinaire.
3 Toxicité expérimentale:
Dans le cas du carbonate de baryum la dose létale (LD50)
s’exprime comme suit:
souris (voie orale): 200 mg/kg,
rat (voie orale): 418 mg/kg,
ce qui en fait un produit très toxique par ingestion.
Le baryum stimule les muscles striés et cardiaques.
Cette hyperstimulation entraîne des arythmies, des myoclonies,
des troubles digestifs et une hypertension artérielle
par atteinte directe de la musculature lisse de la paroi artérielle
indépendamment du système rénine angiotensine
et des cathécolamines.
4 Intoxication aigue par ingestion:
La dose létale chez l’homme varierait, selon les
composés de baryum en cause, entre 1 et 15 g.
per os.
Les intoxications aigues sont rares et le plus souvent le fait
de tentatives de suicide avec du chlorure ou du carbonate.
Quelques observations d’intoxications alimentaires collectives
ont été rapportées, liées à
la contamination d’aliments, et à la confusion
entre carbonate et sulfate de baryum lors d’examens radiologiques.
Du carbonate de baryum ayant été substitué
accidentellement à de la fécule de pomme de terre
lors de la préparation de saucisses, 144 personnes furent
intoxiquées en Israël en 1963.
Deux patients décédèrent.
A Clinique:
Au début, il y a apparition de troubles digestifs:
diarrhée parfois hémorragique,
violentes douleurs abdominales,
nausées et vomissements.
Initialement il y a asthénie intense parfois accompagnée:
de crampes,
de myoclonies,
de contractures musculaires.
Plus tard il y a:
paralysie flasque progressivement croissante atteignant les
4 membres, le diaphragme,
et le carrefour pharyngolaryngé, ce qui oblige souvent
à recourir à la ventilation
artificielle.
Le tableau clinique peut imiter un syndrome de Guillain Barré
d’évolution rapide.
Des troubles respiratoires et des rhabdomyolyses ont été
rapportés.
Des manifestations cardiaques dominent le prognostic:
Initialement il peut y avoir hypertension artérielle
parfois suivie par de l’hypotension
due aux pertes liquidiennes digestives (diarrhée, vomissements).
Troubles de l’excitabilité et de la conduction,
Tachycardie ventriculaire,
Torsade de pointe conduisant parfois à une fibrillation
ventriculaire inopinée
responsable des formes mortelles de l’intoxication.
Des complications rénales ont été rapportées
de façon exceptionnelle:
Insuffisance rénale aigue à diurèse conservée,
Opacification des reins liée à la précipitation
de baryum.
La mort survient par insuffisance respiratoire ou fibrillation
ventriculaire.
B Laboratoire:
Les examens biologiques mettent en évidence des troubles
liés à la déplétion hydrique provoquée
par la diarrhée.
Hypokaliémie (baisse du potassium sanguin), parfois
très importante, avec acidose est caractéristique
de l’intoxication. Cependant, initialement elle peut être
masquée par une acidose respiratoire.
Perturbations électrocardiographiques reflétant
les atteintes cardiaques.
Lorsque la concentration du baryum a été mesurée
au cours d’intoxications aigues, des valeurs
supérieures à 100 µg/L ont été
observées. Cependant, les concentrations sanguines chutent
rapidement au cours des 48 premières heures pour redevenir
inférieures à 10µg/L.
Comme l’élimination rénale du baryum est
rapide, la durée de l’intoxication est de l’ordre
de 2 à 4 jours.
C Traitement:
Il comporte les mesures symptomatiques habituelles:
Lavage gastrique, réhydratation et correction des troubles
hydroélectrolytiques.
Apport orale de sulfate de magnésium ou se sodium qui
permet de précipiter les sels solubles de baryum présents
dans le tube digestif sous forme de sulfate de baryum(insoluble).
Un apport de ces mêmes sels par voie intraveineuse pourrait
être à l’origine de complications rénales,
par précipitation intratubulaire de baryum.
La perfusion d’importantes quantités de potassium
est souvent nécessaire pour corriger
l’hypokaliémie en grande partie due à des
troubles du transfert membranaire du potassium
qui ne se corrigent que par l’élimination du baryum
circulant.
Le traitement des troubles cardiaques est symptomatique.
5 Effets pulmonaires:
La manipulation de sulfate de baryum pulvérulent s’est
accompagné, lors d’observations déjà
anciennes, de pneumonies bénignes se traduisant le plus
souvent par des images radiologiques pulmonaires à type
de nodules disséminés dans les deux champs sans
symptôme clinique, ni anomalie des épreuves fonctionnelles
respiratoires, c’est la barytose.
Elle se rencontre aussi dans les expositions importantes au
lithophone et à l’oxyde de baryum.
Par contre, des fibroses graves ont été rapportées
dans les mines de baryum en raison de la présence de
silice cristalline dans le minerai.
6 Effets locaux:
Les solutions aqueuses d’hydroxyde et d’oxyde de
baryum sont fortement alcalines et peuvent causer des brûlures
importantes aux yeux, et de l’irritation cutanée
Le carbonate et le sulfate de barium sont irritants pour les
muqueuses des voies respiratoires aériennes supérieures,
le carbonate peut aussi être irritant pour la peau et
les yeux.
Cancérogénicité:
Le chromate(VI) de baryum est le seul composé reconnu
comme cancérigène chez l’homme.
Mutagénicité:
Le chlorure de baryum dihydrate ne s’est pas avéré
mutagène chez la Salmonella typhimurium, il n’a
pas non plus induit d’échanges de chromatide sœurs
ni d’aberrations
de chromosomes chez des cellules ovariennes d’hamster
chinois.
Effets sur le développement:
Aucun effet anatomique néfaste n’a été
observé chez les descendants de rats et souris recevant
jusqu’à 4000 ppm de chlorure de baryum dihydrate
dans leur eau, même si le poids à la naissance
des petits était réduit.
Reproduction:
Chez des rats et souris recevant jusqu’à 4000
ppm de chlorure de baryum dihydrate dans leur eau, les indices
de la reproduction n’étaient pas altérés.
Limite d’exposition:
La TLV TWA(ACGIH) des sels solubles de baryum est de 0.5 mg/m3.
La TLV des poussières de sulfate de baryum (insoluble)s’élève
à 10 mg/m3.
Prevention:
Un bon entretien ménager de votre atelier est important
quelque soit le contaminant envisagé.
Il est également important d’éviter les
procédés produisant inutilement de la poussière.
L’aspiration à la source des poussières
est recommendée selon la gravité de l’exposition.
Si un système d’aspiration est utilisé,
il serait excellent d’évacuer l’air aspiré
à l’extérieur pour ne pas soulever la poussière
déjà présente sur le plancher et les plans
de travail.
Des masques filtrants très efficaces devraient être
portés si la gravité de l’exposition le
justifie
lors de la préparation de glaçures et d’argiles.
Il devrait être interdit de boire, manger ou fumer sur
les lieux de travail.
Surtout, il ne faudrait pas confondre carbonate de baryum et
sucre de table en préparant votre café
Surveillance médicale:
Un examen électrocardiographique est préconisé
lors du contrôle périodique des travailleurs exposés
aux sels solubles. Des dosages périodiques, urinaires
et sanguins, pourraient être effectués. Chez les
sujets non professionnellement exposés, les concentrations
sanguines sont inférieures à 10 µg/L, et
inférieures à 20µg/L dans l’urine.
Edouard Bastarache M.D. (Médecin du Travail & de
l’Environnement)
Auteur de «Substitutions de matériaux céramiques
complexes»
Sorel Tracy
Quebec
Canada
edouardb@sorel
tracy.qc.ca
http://www.sorel
tracy.qc.ca/~edouardb/
Références:
1 Chemical Hazards of the Workplace, Proctor & Hughes,
dernière édition.
2 Clinical Environmental Health and Toxic Exposures, Sullivan
& Krieger,
dernière édition.
3 Encyclopédie Médico Chirurgicale, Toxicologie
Pathologie Professionnelle,
Pr. S. Dally, Paris, Juillet 2001.
4 Occupational & Environmental Medicine, Ladou J., dernière
édition.
5 Occupational Medicine, Zenz C., dernière édition
6 Répertoire Toxicologique de la Commission de la Santé
et Sécurité du Travail du Québec.
7 Sax’s Dangerous Properties of Industrial Materials,
Lewis C., dernière édition.
8 Toxicologie Industrielle et Intoxications Professionnelles,
Lauwerys R. dernière édition.